22 septembre 2006

LES AUTEURS

Les auteurs de ce blog sont :
Joseph H. [Karafle]
Mathieu K. [*MaTmAt KaRbOu*]
Amicie P. du R. [*PrInCesSe SisSi*]
Alexis T. [high31]

04 juin 2006

Contexte du Film

Le Parfum de la Dame en Noir a paru dans les salles le 14 septembre 2005, deux années après la parution du Mystère de la Chambre Jaune. L'année 2003 est une année importante pour le cinéma international car c'est l'année où le film Lord of the Rings : The Return of the King a gagné 11 Oscars. Le film n'a pas une un grand succés commercial mais au total les critiques de Presse de cinema l'ont bien apprecié et recompensé avec des articles favorables.

Mathieu

03 juin 2006

Le roman policier et son adaptation au cinéma.

Avant d'étudier plus particulièrement le roman policier au cinéma, il faudrait essayer d'en donner une définiton, ses caractéristiques principales étant essentielles pour comprendre les atouts et dangers d'une adaptation:

I/Un genre qui séduit depuis six cent ans.

1-De nombreux auteurs depuis le XVIIe s ont défini le roman policier, insistant chacun sur l'intrigue, la logique devant être développée par le détective:
Boileau Narcejac: "Le roman policier est une enquête qui a pour but d'élucider un certain mystère [...]en apparence incompréhensible."
Steeman: "Le récit policier relève de l'algébre, de l'architecture, de la mécanique et de la logique en même temps que de l'imagination."
Maurice Leblanc:" Le roman policier est une construction en l'air. C'est un problème que l'on combine soi même, que l'on complique jusqu'à l'extrême limite et que l'on résout devant le public en lui disant sans cesse "Est ce assez étrange? Faut il que mon détective soit assez ingénieux pour démêler un tel écheveau!"
Chesterton, enfin: "Le roman policier est un roman de mystère étrange dans son apparence mais élémentaire dans sa conception."
2- De ces différentes défintions se dégage une caractéristique principal: le roman policier est bâti autour d'une intrigue, se concentre sur un schéma étrange et propre à suciter la curiosité...schéma qui pourtant n'a pas cessé d'attirer depuis plusieurs siècles!
Un crime a lieu. Il est soit conté au lecteur dans les première pages du roman, soit se déroule directement sous yeux, toujours dans l'incipit. Le détective entre en scène, mène une enquêtre plus ou moins échafaudée; suspects et victimes indirectes entrent en scène; peu à peu se dessine un mobile, argent, passion, amour, un héritage n'est jamais bien loin. Enfin, dans les dernières pages du roman,lorsque le lecteur est "mûr", lorsqu'il tourne en rond depuis plusieurs chapîtres, le détective génial expose toute l'affaire aux suspects non coupables parmi lesquels se cache bien sûr le coupable.
Ce schéma est bien sûr un stéréotype; ensuite, chaque auteur brode autour. Il en existe différents types: des auteurs "éphémères" mettant en scène dans chaque nouveau livre un protagoniste nouveau, un décor, une époque nouvelle. Et puis d'autres dont les héros ont leurs attributs, leur personnalité, qui sont pratiquemennt devenus des personnages de légende: je veux parler bien entendu d'Agatha Christie (Hercule Poirot; célèbre pour sa croyance tenace dans "les petites celleules grises", dédaignant les méthode sur le terrain. Après tout, grâce à cette croyance, il a résolu un mystère vieux de seize ans...cf Cinq petits cochons); de Conan Doyle (Sherlock Holmes, casquette, opium et pipe, sur les lieux du crime, analysant chaque trace suspecte de boue, chaque brin d'herbe légèrement couché) ou de Gaston Leroux (Rouletabille, savant mélange des deux types avec "son bon bout de la raison", à la fois raisonneur et pratique)
Enfin, un roman policier se doit d'avoir une unité d'action: il ne s'agit pas ici d'un récit à tiroirs, entremêlant plusieurs intrigues; mais bien au contraire, d'un mystère à résoudre, et toute l'oeuvre n'existe que par, pour et en ce mystère. Pour servir cette conception, l'auteur adapte une concentration de temps et de lieux parfois, ce dernier pouvant se transformer en piège pour les personnages( Dix petits Nègres , Le crime de l'orient express, A.Christie; Le mystère de la chambre jaune, Gaston Leroux; Le double assassinat dans la rue morgue E.A Poe.

3- L'écriture, du scénario comme du roman est fonction bien évidemment de ce schéma. La plupart du temps, l'auteur joue avec son texte et son lecteur. Le procédé d'écriture n'est qu'une masquarade puisque le romancier part le plus souvent d'une situation finale, et remonte peu à peu, emmêlant les fils. Il est cependant soumis à des règles strictes: assez d'indices doivent être semés pour que le lecteur en sache autant que le détective; mais de manière, toujours, à ce qu'il ne devance pas le cerveau génial et brilliant de ce dernier!
Et c'est ici que le cinéma entre en scène:

II/ L'adaptation littéraire.

1- Elle est d'abord et avant tout au service du roman. Réaliser et mettre en oeuvre une adapation cinématographique d'une oeuvre littéraire consiste à écrire un scénario à partir d'un roman. Et le roman policier appelle bien sûr du suspens, élément que le cinéma peut et doit maîtriser à la perfection.
Tout ce que les mots et expressions ont pour créer une ambiance particulière, noire et étrange, la musique, le décor l'exprime au cinéma. Un simple air récurrent, inquiétant, intrigue, donne des frissons: en ceci, le cinéma possède des avantages indéniables par rapport au roman.
D'autant plus que les principales caractéristiques du roman policier croisent celles du cinéma: l'intrigue fonctionne souvent grâce à des flash back, imposés par le besoin de retourner en arrière dans le passé de la victime//suspect(s);
(exemple: Le film le Crime de L'Orient Express présente une reconstituation du crime narrée par Poirot en voix ff; mais reconstitution saisissante grâce à des effets de luymière bleuté et froide, caque suspect prenant des allures de meurtrier.Il s'agit bien entendu d'un retour en arrière)
La concentration de temps demandée par ce genre s'adapte aussi au cinéma: il est en effet plus simple de faire vivre au spectateur une aventure/intrigue ramassée sur quelques jours que de le faire perpétuellement avancer, reculer, passer d'un mois à l'autre...
Enfin, l'écriture même du roman aide et facilite la tâche du scénariste: mis à part les descriptions de lieu dont on parlera plus loin, l'enquête s'effectue grâce à un jeu de question réponse entre détective et suspects, témoins et autres. Les répliques des dialogues sont breves, assez proches dans certains cas d'un langage idiomatique: le héros se trouve la plupart du temps mêlé à des milieu sordides; ou certains personnages s'exprimant sous le coup d'émotions, ils ont un parler plus fluide et quotidien que celui adapté dans des romans "style Balzac", pour prendre un extrême, ce qui rend l'adaptation du livre au film plus simple à réaliser.

2- Malheureusement comme toutes choses, ce qui dans certains cas s'avère un atout peut également devenir une difficulté voir un danger. La lecture permet par exemple des descriptions figées grâce à des mots, mais derrière les mots chacun voit ce qu'il veux y voir grâce à l'auteur. Des descriptions de lieux extrêmement précises sont faites avec intention dans un roman policier; ainsi, Le Parfum de la Dame en Noir présente un chapitre entier consacré à la disposition du Fort d'Hercule. Même si ces pages semblent ennuyeuses et parfois peu agréables à lire; le lecteur les lit. Alors que lors de la réalisation cinmataographique, la caméra passe une fois sur un certain détail; un passage prolongé attirerait l'attention sur un indice à mettre en valeur...mais pas trop!
De même, le spectateur se fera sa première opinion des personnages grâce à leur physique; ce premier coup d'oeil est donc capital, et un physique inadapté pour le lecteur ayant imaginé à partir du roman une telle personne et en voyant une autre peut se révéler absolument désastreux pour l'esprit du film! Il en va de même pour l'aspect psychologique du personnage, les doutes et interrogations intérieures du "confidnet" du héros: aisni, dans Le Parfum de la dame en noir, la scène du livre où Sainclair, ce confident, ne sait plus si Darzac est Larsan ou simplement Darzac est absolument captivante: les mots laissent deviner au lecteur, grâce à la nuit et aux affreux doutes rongeant l'âme de Sainclair, tout devient possible. Son point de vue interne nous est donné; dès lors qu'on passe à l'adapatation cinématographique, ce point de vue disparait. On ne comprend pas du tout comment Sainclair peut voir au clair de lune tantôt Darzac, tantôt Larsan. Le rendu de cette scène est malheureusement assez médiocre. )
Autre exemple: (ne lisez pas si vous n'avez jamais lu Le Meurtre de Roger Ackroyd, d'A.Christie) ce roman est écrit entièement, du début à la fin, du point de vue interne du médecin..qui par la même occasion, se trouve être également...le meurtrier. Et le lecteur ne l'a pprend dans les denrières pages, bien qu en'ayant pas quitté une seule sconde le héros! Comment rendre ça en film? Aucune adaptation de ce premier roman de la célèbre auteur british n'a été faite...si un jour elle existait, je serais curieuse de voir le résultat!

3-Last but not least, roman, policier ou non, et film s'opposent surtout par ce qu'ils sont dans l'absolu: du texte long; un scénario bref.
"Un roman est toujours beaucoup trop long et la difficulté majeure consiste à [le] réduire[...]pas simplement [en supprimant]des épisodes; il faut condenser."(Pierre Bost)
Que couper? Que laisser? Tout dépend de la tonalité que veut donner le réalisateur au film bien évidemment; que désire-t-il? Rester fidèle le plus possible au roman, dialogues compris, ou tout simplement garder l'intrigue policière, les héros et leur caractères, puis broder à sa façons, ré actualisant par là certain romans, pouvant en desservir d'autres?

Enfin...toutes les études qu'on peut faire sur ce sujet peuvent s'affiner, la première chose à voir, c'est si le film a plu! Un réalisateur peut avoir de bonnes initiatives! Ou détruire complètement l'esprit du film , détournant le mystère et l'humour légèrement caustique typique d'Agatha Christie par exemple en comique bouffon et vulgaire...A vous de juger!

10 mai 2006

L'adaptation cinématographique: fidélités//infidélités (B)

montage: *Princesse Sissi* pour le Parfum de la dame en Noir

Don't panic! C'est le dernier message sur ce sujet, fidélité//infidélité du film au roman, promis!
Après avoir longuement décarcassé les infidélités du roman, et s'être un peu (beaucoup) penché sur les innovations de la mise en scène, il serait peut peut être temps de citer quelques éléments communs dont la présence dans le film est tout à l'honneur du scénariste.
A mon avis, un défi à relever pour celui allant se charger, en quelques sortes, de la "ré-écriture" du roman était de respecter l'évolution complexe des sentiments présents dans la Dame en noir.
Gaston Leroux, en effet, créé un "tourbillon" d'émotions et de sentiments au second plan de l'histoire; par petites touches, l'auteur évoque une déchirure entre Mathilde et Robert: puisque Larsan est vivant, Mathilde se refuse à être la femme de Robert dans l'immédiat. Robert Darzac supporte très mal la situation; il commence par prendre son mal en patience; mais explose situation traduite par les deux personnages partageant un "moment volé" àç l'horreur ambiante: Sainclair surprend Mathilde et Robert s'embrassant sous une poterne. (le romantqiue du moment est bien entendu légèrement altéré par la présence de sainclair, porteur (pourqou??!!) d'humour dans le livre comme dans le film.
Rouletabille-Mathilde; Mathilde-Robert: le réalisateur a choisi une admirable manière de présenter les relations "tendues" entre les protagonistes.
Mathilde (jouée par Sabine Azéma, pour les distraits...) est silencieuse, réservée; un large chapeau noir voile son regard. Le jeu de l'actrice réside donc principalement dans les gestes, puisque tout le livre est empreint d'un étrange mystère(non, ce n'est pas un pléonasme): l'ombre de la dame en noir plane sur tout le roman; mais le lecteur connaît cette dame en noir. Mathilde est donc mise en avant par ...un effet de dissimulation (toujours habillée en noir) de la part du réalisateur.
Enfin, le triangle Mathilde-Arthur-Edith n'a pas totalement disparu. Edith mariée à Arthur réalise cependant que Mathilde ne laisse pas son mari indifférent.
Le livre présente cette situation écrite noir sur blanc; le film la mete ne scène par un jeu de regards entre Arthur et Mathilde; puis Edith surprenant ce coup d'oeil:

dans le fond à droite: Arthur Rance regardant Mathilde; au centre: Mathilde et Robert; a gauche, Edith jetant un "aimable" coup d'oeil à Mathilde; et Sainclair les yeux fixés sur Mrs Edith.

Toutes ces situations entremêlées souvent contradictoires se jouent donc dans le film en grande partie par des regards, des plans soudainement plus rapprochés ou éloignés: choix très judicieux et tout à fait adapté du metteur en scène//scénariste, qui traduit très bien les sentiments évoqués ou suggéres par Gaston Leroux dans le roman.

Ouff! Terminé pour cette partie!

Amicie

Les analyses détaillées de trois scènes importantes du film

La première scène trés importante à analyser est encore une fois comme dans le livre la scène du mariage qui la scène d'exposition du film même si elle est précedée d'une autre scène, car c'est dans celle-ci qu'on re retouve dans le film les personnages principaux rassemblés .
Dans le film on ne comprend le lieu et la date du marriage, alors que dans le livre si.
Cepandant le marriage se déroule pendant la journée, dans une église pas trés grande mais rempli de monde. Tout paraît normal jusqu'à la fin du marriage quand au moment de prendre la photo de tous les invités avec les marrés on voit passer un cercueil porté par deux personnages qui essayent de ne pas attirer les regards mais Sinclair qui prenait la photo les aperçu cepandant sans avoir aucune réaction. Cette scène nous fait repenser au déroulement du marriage et ce que pourrait faire ce cercueil ici. Au moment de la confession des marriés on sent que quelque chose ne va pas.
La deuxième scène importante à analyser est la scène qui précède la scène dans laquelle un coup de revolver se fait entendre dans la chambre des marriés.
Car dans celle-ci le personnage qui avait été choisi par Rouletabille pour garder la porte de la tour dans laquelle sont les marriés s'en va à un moment pour aller parler avec Sainclair et Rouletabile ce qui nous penser à un instant que c'est pendant ce moment que aurait pu rentrer dans la chambre des marriés Larsan, qui est en fait Darzac.
La troisième scène est dans laquelle on découvre qui est le vrai Darzac à partir de reconstitution de l'histoire. La plupart des découverte qu'on fait son grâce à des flash-back, car on ne peut pas comprendre tout pendant le déroulement de l'histoire.

Composition et partis pris de la mise en scène.



Pour parler de la composition du film Le Parfum de la Dame en Noir, il serait inutile de s'étendre sur des longs résumés des scènes du film, puisque ceci a été pris en charge par Amicie dans les Fidélités et Infidélités. Ce film est un film de durée moyenne, de 115 minutes. Pour les tournages de ces 115 minutes, le metteur en scène Bruno Podalydès a choisi trois lieux de tournage afin de rendre l'esthetique générale du film:
- l'école de Rouletabille, où le visitait très frequemment la Dame en Noir.
- la salle où se déroule le spectacle de Ballmeyer-Larsan sous le nom de Naja Bey.
- le chateau sur la presqu'île d'Hercule au sud de la France et les espaces environnants, propriétés de Artur Rance et de Mrs. Edith.
Les 3/4 de l'action du film se passent au chateau d'Hercule, ce qui est valable pour le roman de Gaston Leroux également.
Alexis

09 mai 2006

Enfin!


ÉQUIPE B – Le Parfum de la dame en noir :
- le contexte du roman / high31 : publié ;
- le résumé et la composition du roman / *PrInCeSsE SiSsI* : publié ;
- les personnages du roman / *MaTmAt KaRbOu* : publié ;
- les analyses détaillées de trois scènes importantes du roman / KoOlShEn : achevé.
État de publication : 4/4.Progression : + 1,5.
L'équipe B en a fini avec la première étape.



L’adaptation cinématographique :fidélités//infidélités (A)

(montage: *Princesse Sissi* pour le Parfum de la Dame en Noir)

Du livre au film...la lecture du roman avant la vision promet de nombreuses intrigues se jouant dans un clin d'oeil, un geste hâtif du bras...L'adapatation cinématographique est, à mon avis, BONNE...si on la prend comme détachée du roman.
Le lecteur fidèle de Gaston Leroux attend avec impatience la fameuse scène du train, une impatience mêlée d’anxiété puisqu’il attend et espère le retour de Larsan.
Le film s’ouvrira donc sur une déception pour lui : Mathilde, Larsan, Darzac dans la terrible nuit du compartiment ont tout simplement été escamotés.
Nous retrouvons les Darzac au fort d’Hercule, en compagnie des Rance ; Rouletabille et Sainclair se joignent à eux ; l’action démarre. Intriguante, attirante ; mais le spectateur déçu ne peut s’empêcher de regretter la disparition de la toute première scène « ??? » du roman.

Une décision du metteur en scène prend le lecteur totalement au dépourvu : le Père Jacques, fidèle serviteur des Stangerson dans la Chambre jaune, ne fait qu’un avec le Vieux Bob, oncle d’Edith Rance!
Version du livre : le vieux Bob : « un type extraordinaire qui était aussi célèbre par ses aventures d’explorateur que par ses découvertes de géologue. Il était doux comme un mouton mais n’avait pas son pareil pour chasser le tigre des pampas » C'est un personnage "piquant" de l'histoire, une sorte de double du professeur Stangerson toujours présenté dans les nuages.
Le Père Jacques, lui, est toujours le même serviteur fidèle de la chambre jaune sans aucune affinité de caractère avec le Vieux Bob. Il a suivi le docteur Rance au fort d'Hercule, et se retrouve donc tout naturellement lié au deux drames, celui de La chambre Jaune et celui de la Dame en Noir. (qui ne font qu'un en fait, mais c'est une autre histoire...)
Version du film: le Père Jacques, identique au niveau de ses fonctions à ce qu'il était dans la Chambre Jaune, a rejoint les Rance au fort d'Hercule.
Discordance: le Vieux Bob a disparu; et Mrs Edith Rance s'est prise de tendresse pour le vieux serviteur qu'elle appelle (pourquoi?? se demande le spectateur, perplexe) son Vieux Bob.

Le mariage de Robert&Mathilde:
dans le livre, l'ambiance est étrange: "Mon Dieu, que votre Saint Nicolas du Chardonnet est une chose triste! Décrépite, lézardée, crevassée, sale, non point de cette saleté auguste des âges qui est la plus belle parure des pierres, mais [d'une] malpropreté ordurière et poussiéreuse, cette église, si sombre en dehors, est lugubre dedans. [...] Et c'est dans cette obscurité funèbre qu'on allait célébrer le mariage de Robert Darzac et de Mathilde Stangerson!J'en conçus une grande peine, et tristement impressioné, en tirai un fâcheux présage. " (p8)
Gaston Leroux met son lecteur dès les premières lignes dans une atmosphère étrange et triste, tellement peu apropriée à un mariage, prélude à quelque évènement inquiétant.
Version du film: l'Eglise est petite, ensoleillée et presque gaie; le prêtre frise le ridicule par un ton outré; insistant lourdement sur le passé de Mathilde et Robert.
Attention: dévoile la fin...
La substitution Darzac-Larsan change également de contexte.
le livre: Robert Darzac, malade et fatigué, suite notamment à une explosion en laboratoire (occasionnée par un complice de Larsan) part se reposer dans le Midi de la France. Quelques temps avant son mariage, un individu répondant exactement au signalement de Robert Darzac, mais qui n'est pas Robert Darzac, revient à Paris.
Le véritable Robert Darzac est enfermé dans un asile de fou, enlevé au cours d'une promenade dans le Midi.
Larsan épouse donc Mathilde Stangerson sous les traits de Darzac.
Le film: Le confessional imposé par le prêtre aux futurs nouveaux époux étaient en réalité une sorte de chaise tournante; et Robert Darzac, médusé, se retrouve hors de l'église; la substitution s'opère; Larsan déguisé en Darzac prend sa place, sortant du confessional et épouse Mathilde Stangerson sous les traits de Darzac.

Le Prince Gallitch du film et celui du livre....font 48. Ils n'ont absoluement rien de commun, sauf peut être le côté Russe distingué mais le côté fierté, dignité du personnage présente dans le livre disparait.
Dans le roman: Le prince Gallitch, bien que criminel à sa façon, a de la "classe", des manières; il n'est pas un personnage ridicule, serait même inquiétant. Il inspire un certain respect au lecteur, notamment à la fin du livre où il envoie une lettre de menace à Rouletabille; son rôle flou tout au long du roman s'éclaircit: un simple Prince, agitateur Soviétique réfugié en France, inquiété par Rouletabille.
Dans le film: cette image s'esquisse vaguement dans les premières scènes de l'apparition de Larsan. mais s'évapore rapidement: Gallitch est en effet le complice de Larsan, et l'a aidé à séquestrer Darzac! Aucun lien de vraisemblance n'unit les deux versions; il est vrai qu'à partir du moment où Darzac n'a plus été enfermé dans un asile de fou, mais dans une maison spécifique pour grands malades en face du château d'Hercule, la présence de Gallitch se justifie.
Il est cependant regrettable qu'il est perdu le rôle étrange parce que non réellement défini qu'il avait dans le livre; même si le choix du metteur en scène sert le film.


Dans le film, une des scènes les plus importantes, révélatrice du talent de l'auteur, du génie fou de Larsan et véritable casse tête pour le lecteur...disparaît tout bonnemement.
La scène dont j'attendais le plus ne prend plas place; et les évènements en sont même totalement modifiés!
Voyons cela:
Le livre: Chapitre XVIII Midi, roi des épouvantes.
(le titre même est intrigant: l'heure de midi, plein milieu de la journée, correspond en général à la lumière, au soleil, et contribue à rassurer. Ici, soleil et lumière aveuglent, troublent la vision et font douter d'avoir toute sa tête: car enfin, comment un homme peut il mourir assassiné sous les yeux de quatre témoins??
Et pourtant: essayant de décrocher un blason soit disant dangereux, Rouletabille fait successivement lever le bras avec une canne à Darzac, Sainclair, Mrs Edith et lui même, sous une poterne de la cour.
Au bout de la cour, le père Bernier a assisté à toute la scène; et soudain le cri de la mort retentit; il s'effondre, transpercé d'un silex, un nom à la bouche: Larsan!
Une fois encore, le problème de l'illusion sur scène a sans doute joué. Bernier ayant en effet reconnu Larsan dans Darzac grâce au gest et à la canne, terrifié, trébuche....et la suite est à lire.
Piquant et véritable casse tête pour un pauvre lecteur (ou une pauvre lectrice...), cette scène est un pilier du roman.
Dans le film: elle est ramené au prince Gallitch transpercé d'une flûte par une des "ses petites fées". Mourant, celui ci s'écroule au pieds des habitants du chateau stupéfaits, et murmure Larsan. Mais cette fois ci, étant le complice de Larsan, il sait dans la peau de qui se cache le criminel: la stupeur et l'admiration ressentie par le lecteur lors des explications données par Rouletabille disparaît. Dommage...

La scène final, atteint un caractère, une dimension, relevant presque du tragique dans le livre: découvert, Larsan s'enferme dans une chambre. Lorsque les habitants du fort d'Hercule forcent la porte, ils découvrent Larsan "tranquillement assis dans un fauteuil, au milieu de la pièce, [les regardant] de ses grands yeux calmes et fixes. Ses bras s'allongeaient aux bras du fauteuil. Sa tête s'appuyait au dossier. On eût dit qu'il [leur] donnait audience et qu'il attendait qu'[ils lui exposent leurs revendications].
[...]Alors Rouletabille le toucha à la main et au visage et [ils s'aperçurent] que Larsan était mort."
(p.266)
Délivrés, soulagés, Mathilde et Robert se retrouvent enfin, pour de bon. La découverte cependant de Larsan dans son fauteuil, assis comme s'il les jugeait encore d'au delà de la mort donne des frissons dans le dos. Sainclair lui même croit le voir sourire. Illusion?
Dans le film: scénario mélodramatique assez éloigné du roman: découvert, Larsan s'enfuit au sommet d'une tour. Il se jette du sommet du donjon, et s'écrase au bas du fort.
Mort plutôt "banale" pour un tel meurtrier; mort sans réelle mise en scène; car enfin, comment un criminel tel que Ballmeyer-Jean Roussel-Frédéric Larsan pourrait il se résoudre à quitter ce monde sans un dernier coup, un dernier trait de génie? Une dernière image hantant les rescapés?
Ci dessus, donc, les principaux changements influents sur le déroulement du roman.
D'autres modifications mineures:
-les trois petites vieilles du prince sont devenues des pmetites fées, jeuens et belles infirmières
-la carte de l'Australie a disparu, celle sur laquelle Sainclair se basait pour démêler le vrai Darzac du faux;
-la mère Bernier est devenue l'amante de Gallitch; elle semble d'ailleurs avoir un caractère assez étrange, malsain, très différent du personnage qu'elle incarne dans le roman;
-le professeur Stangerson prend les traits d'un vieil homme à moitié dans les nuages "on dirait que nous sommes en plein drame..."

à suivre: "L’adaptation cinématographique :fidélités//infidélités (B)"